La présence de potiers de grès à partir du XVIIIe siècle a beaucoup contribué au développement et à la notoriété actuelle de Betschdorf.
La poterie est une activité très ancienne dans l’histoire de l’humanité.
Si d’une manière générale on appelle céramique tout produit obtenu par cuisson d’une argile séchée, il existe une grande variété parmi ces produits. La nature de l’argile et la température de cuisson jouent un rôle déterminant. Par une cuisson à 800° - 900°C on obtient une terre cuite encore relativement poreuse (pots de fleurs et jardinières). Des températures plus élevées donnent des produits plus denses et imperméables tels que la porcelaine ou le grès, à ne pas confondre avec la roche de même nom.
Le grès de Betschdorf fait partie de cette dernière catégorie de céramiques. Cette technique, connue en Chine il y a plus d’un millénaire, est apparue en Europe au Moyen Âge. Au XVIe siècle elle s’est développée dans la région allemande du Westerwald (Rhénanie-Palatinat) où elle a été perfectionnée par le salage : du gros sel jeté dans le feu en fin de cuisson réagit avec l’argile pour former un vernis transparent et étanche.
Ce sont des potiers du Westerwald qui ont introduit ce procédé à Betschdorf au début du XVIIIe siècle. Il n’a pas été trouvé de document d’époque relatant l’installation de ces pionniers de la poterie à Betschdorf mais leur présence est attestée par des actes de baptême, mariage ou sépulture inscrits dans les registres paroissiaux. Pour notre village les registres les plus anciens remontent à 1664 pour la paroisse protestante et à 1722 pour la paroisse catholique. On y trouve en 1706 le nom du potier de terre Dankil, puis celui de Spitz cité d’abord en 1717 comme « Geschirrhändler » (marchand de vaisselle) et ensuite en 1720 comme « Krugmacher » (fabricant de cruches = potier de grès). Aucun de ces potiers ne s’installa définitivement à Betschdorf. Il faut attendre 1734 pour trouver mention des premiers à y avoir fait souche : Peter Wingerter et Johannes Krummeich, tous deux originaires du Westerwald.
Pourquoi ces migrations potières il y a près de trois siècles ?
À l’époque Betschdorf dépendait des comtes de Hanau-Lichtenberg et on peut supposer que ce sont eux qui ont incité ces artisans à venir s’installer sur leurs terres afin d’en assurer le développement économique. Effectivement dès la fin du XVIIIe siècle, le village comptait une vingtaine d’ateliers. Après la Révolution s’est ouverte une période de prospérité qui a duré jusqu’en 1870. De nouvelles familles (Remmy, Schmitter, Burger etc.) s’installèrent à Oberbetschdorf, rue de la Poterie et Vieille Rue. Certaines de leurs maisons sont encore en place.
En 1831 on comptait 31 ateliers et en 1864, apogée de la production, cinquante fabricants.
De 1870 à 1914, les échanges économiques avec la France se trouvant réduits, la production accusa un sérieux ralentissement. C’est ainsi qu’en 1900 on ne comptait plus que 16 ateliers. En 1922, afin de faciliter la vente en commun, furent créées les « Poteries réunies de Betschdorf » qui fonctionnèrent jusqu’en 1969. La poterie ordinaire, principalement alimentaire, représentait la majorité de la production locale du XIXe jusqu’au début du XXe siècle. Concurrencée par de nouveaux produits (verre, email), elle fut peu à peu remplacée par de la poterie d’art, plus fine et plus richement décorée. Ce mouvement fut initié dès le début XXe siècle par Hubert Krumeich, Charles Wingerter et Albert Schmitter.
Aujourd’hui la demi-douzaine d’ateliers encore en activité ne produit plus que de la poterie fine.